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  • Polyborus
  • Citoyenne intéressée par la politique, la musique, et le dessin... entre autres.
Valeurs fortes :
Loyauté, confiance, honnêteté, solidarité, ... et même, services publics.
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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 15:50


drapeau-france.jpg


Je suis en vrac, en larmes, cassée, et pourtant !! Cette histoire ne devrait pas me concerner, n'est-ce pas ? Que dire, si cela me bouleverse, de l'état des personnes concernées ?
...Mais de quoi tu parles, Polyb ?

La famille Bah espérait passer les fêtes ensemble, le juge en a décidé autrement ce matin du 24 décembre.
Caleb BAH est escorté en fin de matinée au centre de rétention du Mesnil Amelot, en attendant une expulsion qui risque de venir vite... en guise de cadeau de Noël !

Malgré la régularisation de sa compagne,
malgré leur relation stable depuis des années dans un foyer commun,
malgré la présence de deux enfants à leur charge (8 et 14 ans),
malgré ses nombreuses démarches pour arriver enfin, après plusieurs formations, à une promesse d'embauche en CDI datée du 12 décembre dernier,
malgré tout cela, Caleb BAH n'a obtenu qu'une fin de non recevoir.
Le juge a tout balayé de ces quelques mots :
"Demande rejetée", avant de quitter la pièce.

Pendant l'audience, PAS UN REGARD vers l'assemblée : nous étions tous là, assis :
les soutiens,
l'instit de l'école du petit,
l'infirmière du collège du grand,
sa compagne,
et... SES ENFANTS.

Un moment, nous avons cru que le juge était humain. Il examinait le dossier, écoutait, posait des questions à l'avocate... nous avons cru qu'il avait compris qu'on ne sépare pas un père de sa famille.
Mais aller dans ce sens, cela signifiait se mettre en porte à faux avec la préfecture.
"La préfecture ne veut pas." a-t-il dit. Et alors ??
Le Tribunal Administratif n'est-il pas là pour examiner les exigences de la préfecture, et vérifier, au vu des pièces fournies dans le dossier, au vu des éléments apportés pendant l'audience, oui, vérifier SI ELLE NE SE TROMPE PAS ?

Car elle se trompe !


Les deux enfants étaient là. Le plus jeune n'a pas tout de suite compris la phrase du juge.
"Demande rejetée".
Je la lui ai expliqué.
- Cela veut dire que ton père doit retourner en Côte d'Ivoire, là, maintenant.
Réponse immédiate :
- Mais pourquoi ?
- Simplement parce qu'il est né là-bas.
- ...
- ...
- Mais comment on va faire, nous ici ?

Petit à petit, l'ampleur de la décision nous avale tous (jusqu'au bout, nous avons cru qu'il accéderait à la demande !).
Les larmes arrivent.
Le grand frère craque.
Le petit aussi. Il va s'assoir près de son père, se blottit contre lui.
Caleb lui demande de ne pas pleurer, d'être fort, de continuer à bien faire ses devoirs le soir, d'être sage.
Hébété, le petit le regarde. Il ne comprend pas. Moi non plus.
Le policier s'approche. il faut partir. Mais il fait preuve d'une grande humanité. Il patiente. Au bout d'une minute ou deux, je dis au grand : "Il faut que tu ailles dire au revoir à ton père.". Il ne s'y résoud pas. J'insiste. J'ai peur qu'il ne soit emmené. Il finit par y aller. C'est dur, si dur.

Où est l'humanité dans tout cela ?
Quel est le sens de ce genre de décision ?
La soeur de Caleb est en situation régulière à Paris.
Sa compagne est en situation régulière à St Jean de Braye.
Ils vivent ensemble, avec deux enfants à charge.
Mais il doit partir.

???

Une fois dehors, l'émotion ne diminue pas, au contraire. Les policiers, très patients et humains, prennent le temps. Ne pressent pas. D'ailleurs, l'un d'entre eux, qui était sorti un moment de la salle d'audience, a eu un air bien surpris quand il a su que la demande était rejetée. Pauvres flics. Je le dis sans animosité aucune.
Je suis toute en vrac par cette histoire, mais eux voient ça tout le temps, et doivent conserver un air neutre.
...
Mais où en étais-je ?
Oui, dehors.
Une fois dehors, donc, le petit ne parvient plus à calmer ses pleurs. Le grand non plus.
Une dernière fois, Caleb leur dit au revoir, et s'en va. Aussi droit que possible. Devancé et suivi par des policiers.
Il passe le porche du bâtiment, et tourne à gauche, par le trottoir. Et je le vois, je le devine, qui trébuche ? qui craque ? soutenu par le policier qui le suit. Ca y est, Caleb est parti, DIGNE.

Son grand garçon n'en peut plus et s'en va après avoir prévenu sa mère. Il rentrera en bus.
Sa mère et son petit frère sont ramenés par l'instit de l'école.

Que vont-ils devenir ?
Le grand va-t-il réussir à poursuivre ses efforts au collège dans une telle situation ? Il est désespéré, en colère, et comment ne le serait-on pas à sa place ? Quant au petit, il ne comprend pas... pas plus que nous.

L'après-midi s'est passé, à contacter copains, personnalité politique, avocate, compagne de Kaleb...
La CIMADE du centre de rétention de Mesnil Amelot ne répond pas au téléphone, la ligne de la CIMADE Île de France m'indique sur un répondeur que tout le monde est en vacances à partir d'aujourd'hui, et jusqu'au 4 janvier...  Seul espoir : que la Côte d'Ivoire refuse le retour de Caleb, puisqu'il n'a pas de passeport... il pourrait alors être libéré... à condition que tout ne soit pas déjà bouclé, et qu'il ne parte pas dès ce soir... 24 décembre.

Bien à vous dans un monde de cons,

Polyb.
 
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commentaires

S
<br /> <br /> <br /> Bonjour !<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Si vous avez 3 mns, visionnez cette vidéo : http://sos-blanqui.over-blog.fr/article-30029299.html<br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> N'hésitez-pas à mettre un commentaire et à faire suivre à vos contacts.<br /> <br /> Cela constituera une nouvelle chaîne de solidarité active. <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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T
<br /> J'arrive, je découvre...<br /> <br /> Merci pour tout ; tu sais comme je comprends ta révolte et ton chagrin.<br /> Polikarpov a raison : la peine sera toujours là.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> J'ai pas  fait gaffe ! Pardon Milys.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Cette période de noël est loin d'être une fête pour tous.<br /> La dinde a de plus en plus de mal à passer et je suis de plus en plus mal  à l'aise dans cette période.<br /> Merci pour ce que tu fais<br /> Tu as toute ma sympathie...<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> Dans ces cas là, "l'Identité française" en prend un grand coup !...<br /> <br /> <br />
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