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  • Polyborus
  • Citoyenne intéressée par la politique, la musique, et le dessin... entre autres.
Valeurs fortes :
Loyauté, confiance, honnêteté, solidarité, ... et même, services publics.
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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 20:20

Enfin du positif !!!

 

Le préfet de Lyon renonce à expulser Guilherme Hauka Azanga !

 

Il avait bien été expulsé tout à l'heure, mais l'aéroport portugais a, semble-t-il, refusé l'atterrissage.

Devant l'impossibilité de l'expulser, le préfet renonce donc !

 

 

http://www.libelyon.fr/info/2010/04/le-pr%C3%A9fet-renonce-%C3%A0-expulser-guilherme-hauka-azanga.html

 

mosaic-pour-Guilherme.jpg

 

Sa situation était terrible depuis janvier : 3 tentatives d'expulsions avortées seulement dans l'avion, la porte de son appartement familial défoncé pour pouvoir le placer en rétention, prison pour refus d'embarquer...

 

Ce père de famille va pouvoir ENFIN souffler un peu, avec les siens (ce qui ne signifie pas qu'il soit régularisé).

 

Toutes mes pensées vont ce soir à Guilherme, Florence, et leurs enfants, ainsi qu'à tous les sans-papiers qui souffrent de situations catastrophiques.

 

Bien à eux,

 

Polyb.

 

 

En savoir plus :


Sur les raisons qui ont mené le préfet de Lyon à le libérer :

http://www.mediapart.fr/journal/france/080410/lyon-un-angolais-evite-lexpulsion-apres-une-intense-mobilisation

 

Sur les conditions dans lesquelles on expulse de France des êtres humains :

http://www.mediapart.fr/journal/france/071009/un-escorteur-de-la-paf-raconte-la-violence-ordinaire-des-expulsions-forcees

 

Sur la réflexion autour de la mise en place d'un audit migratoire en France :

http://www.mediapart.fr/journal/france/020410/avec-cette-france-la-des-elus-lancent-un-audit-de-la-politique-migratoire

 

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31 janvier 2010 7 31 /01 /janvier /2010 22:39
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14 janvier 2010 4 14 /01 /janvier /2010 22:00

Ce jeudi 14 janvier, à partir de 16h15, le parking de l'école Jacques Prévert de St Jean de Braye faisait l'objet d'une animation hors du commun :
grand barnum, bardé d'affichages et de banderoles explicites,
tablée de gâteaux cuisinés par de nombreuses familles solidaires,
boissons chaudes.

Ecole-J.-Prevert.png
(Photo Google Maps)

Au centre de la grande "tente", une télé, reprenant, en boucle, le reportage de France 3 de la veille, suivi d'une petite chanson composée par des enfants qui en avaient envie :

Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
Il n'est plus enfermé
Mais il n'a pas d'papiers
Essayons de l'aider !

Ce Noël il l'a passé emprisonné
Et le nouvel an, ils l'ont fêté sans lui
Nous ne sommes pas d'accord pour le renvoyer
Faites ça pour sa famille : donnez-lui des papiers !

Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
Il n'est plus enfermé
Mais il n'a pas d'papiers
Essayons de l'aider !


Et bien sûr, des pétitions étaient, très simplement, mises à disposition.


Sarah, la compagne de Caleb, avait pu se libérer pour venir, et discuter avec les enfants et les familles.
Colette Ponthonne, 1ère adjointe, et David Thiberge, maire de St Jean de Braye, se sont également déplacés.
David Thiberge est resté un long moment, pour faire le point avec les parents et voir comment il pouvait aider.
Parmi les familles, aucune n'a reproché l'action aux représentants de parents ou au personnel de l'école.
Clairement, ce que vit la famille de Caleb paraît à tous particulièrement injuste.

"Le gouvernement nous rabache les oreilles comme quoi les situations sont étudiées au cas par cas par les préfectures. Dans ce cas, pourquoi est-ce que ce papa n'est pas immédiatement régularisé ?" s'étonne une maman.
Une autre renchérit : "Sa compagne travaille. Caleb a payé cher ses formations pour obtenir un boulot et subvenir aux besoins de sa famille. On n'a pas affaire à des feignants ! Ils ont toute leur place chez nous."

Parmi les solidaires, il n'y avait pas que des gens de gauche. L'action, unitaire et "raisonnable", sans étiquette (organisée par
les trois listes de parents d'élèves : FCPE, PAI et PEEP) est appréciée, et c'est avant tout la solidarité avec une famille sans problème de l'école qui joue. Les enfants connaissent Cédric et sa famille depuis plusieurs années, ils ne comprennent pas.

"C'est une famille ordinaire, avec une maison, du boulot, des enfants, des projets. Ils ne sont ni une charge ni un problème pour qui que ce soit. Tout ce qui manque, c'est un bout de papier ?" déplore un père d'élève, ami de la famille depuis des années.

Comme le disait un panneau d'affichage :
Travail, Famille... Parti !
Belle logique pour un gouvernement soit disant "à l'écoute des situations particulières".

PROCHAINS RV DE MOBILISATION :

Pour les parents d'élèves de l'école J. Prévert et du collège St Exupéry :
REUNION ce VENDREDI 15 JANVIER à 20h (à l'école)

Pour tous les soutiens :
RASSEMBLEMENT ce SAMEDI 16 JANVIER à 14h30 devant Place d'Arc à Orléans,
pour informer la population, faire signer la pétition, puis, en cortège, aller jusqu'à la préfecture
exiger la régularisation de Caleb.


Bien à vous,

Polyb.
 

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5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 23:45
Nous en étions restés à la rétention de Caleb BAH au centre du Mesnil Amelot depuis Noël, laissant sa famille, ses proches, sens dessus dessous pour les fêtes.
(Lire :" Je ne suis pas faite pour ça !! ")

- Les employés du Centre de Tri Postal - où travaille Sarah, la compagne de Caleb et la mère de ses enfants - font tourner une pétition dans leurs murs.

- Les autres soutiens en font circuler d'autres à la fois sur support papier et sur internet : http://petitio.free.fr

- Des soutiens de tous côtés (délégués syndicaux et personnels du centre de tri, représentants de l'association Le Rebond, de RESF, de la Cimade, des personnels du collège et de l'école des enfants, etc.) ont envoyé une lettre au préfet du Loiret pour lui demander une audience, afin d'obtenir la régularisation de Caleb au plus tôt, pour le bien de ses enfants et de sa compagne.
Audience il y a eu ce soir, sans résultat.

- Ce mardi soir, à la fin du Cercle du Silence organisé à Orléans (comme chaque premier mardi de chaque mois), Sarah 
aurait dû prendre la parole, et expliquer sa situation aux personnes présentes. Elle n'a pas pu, et pour cause : très touchée par la situation, et malade depuis quelques jours, elle a fait un malaise après l'audience à la préfecture, et a été transportée aux urgences de La Source. 

Et Caleb ?

Sa période de deux semaines de rétention se terminant, la préfecture du Loiret a demandé une prolongation de même durée. ( ! )
Il passera donc ce mercredi 6 janvier au matin devant le Juge des Libertés pour examiner cette demande...
Pendant ce temps, dans un logement de St Jean de Braye, deux enfants "apprécient" pleinement la considération dont la préfecture et le Tribunal Administratif font preuve à leur égart, et sont privés de père depuis Noël.


Qui a dit, je cite :
"
La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'Etat"?
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme... notre pays n'en a-t-il que pouic ?


Qui a dit, je cite toujours :
"L'enfant, pour l'épanouissement harmonieux de sa personnalité, a besoin d'amour et de compréhension. Il doit, autant que possible, grandir sous la sauvegarde et sous la responsabilité de ses parents." ?
Déclaration Universelle des Droits de l'Enfant...
...


1959... Nations Unies... Quand je pense que notre société est sensée EVOLUER...

Nations-Unies-Logo.jpg

Qui a écrit :
"Liberté, Egalité, Fraternité" ?
...


Pardon, mais je crois que j'ai une soudaine envie de vomir...

Polyb.
 
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29 décembre 2009 2 29 /12 /décembre /2009 21:50
A mon père tout d'abord, qui grince des dents chaque nuit au point qu'il les a presque complètement usées, depuis la guerre d'Algérie à laquelle il a assisté étant enfant... et qui lui a valu de perdre son meilleur copain pratiquement sous ses yeux.

A Joseph et son épouse, adorables libanais qui ont quitté leur patrie deux fois : la première à cause de la guerre, la seconde pour donner une chance à leur fille autiste d'être mieux prise en charge.

A Célestin, qui a passé quelques noëls avec nous. Lui aussi était ivoirien... c'était un Krou. Tout son village s'est fait massacrer sous ses yeux, il ne reste que lui et sa petite soeur. Ils ont fui, puis ont été pris en charge par une famille Akan... à qui ils ne devaient rien dire de leurs origines. Il est papa maintenant.

A Larissa, jeune fille pleine d'avenir à qui un jour un préfet a changé le destin en la renvoyant au Brésil avec sa mère, alors qu'elles avaient tout vendu pour venir ici, et qu'elles y menaient une vie heureuse depuis des années.

A la nièce de Mozbah, qui a fui un mari violent et qui, bien que femme soumise, a choisi courageusement de le quitter, de se réfugier en France auprès d'une partie de sa famille...

A Véa, née en France il y a 5 ans, qui a connu elle aussi "le bruit, la crasse et la violence" d'un centre de rétention parce que ses parents avaient fui la misère des Philippines pour venir travailler en France.

Au papa de Sabine (qui ne s'appelait pas Sabine) qui avait découvert une grande fraude fiscale de la part du général qui gouvernait sa région. Il risquait la mort s'il était retrouvé.
C'est 'Sabine' qui m'a fait découvrir de plein fouet la réalité des sans papiers, par ses larmes de fatigue : elle ne parvenait pas à dormir chez "une copine de papa" (elle partageait son lit une place). Son papa, lui, tentait de trouver le sommeil dans le service de l'hôpital où il était accueilli chaque soir, comme beaucoup d'autres sans abris. Comme disait 'Sabine', c'était quand même beaucoup mieux que dormir dans la voiture comme ils l'avaient fait pendant des mois à Paris.

A Caleb, toujours en rétention au Mesnil Amelot aujourd'hui, à ses enfants, à sa compagne, qui se souviendront toute leur vie de ce Noël 2009 grâce à un juge très zélé...


Halte-aux-expulsions.jpg

A tous ceux que je ne connais pas et qui souffrent des lois insupportables de mon pays.

Bien à eux,

Polyb.



Clarika - Bien Mérité
envoyé par Clarika.
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27 décembre 2009 7 27 /12 /décembre /2009 16:00
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24 décembre 2009 4 24 /12 /décembre /2009 15:50


drapeau-france.jpg


Je suis en vrac, en larmes, cassée, et pourtant !! Cette histoire ne devrait pas me concerner, n'est-ce pas ? Que dire, si cela me bouleverse, de l'état des personnes concernées ?
...Mais de quoi tu parles, Polyb ?

La famille Bah espérait passer les fêtes ensemble, le juge en a décidé autrement ce matin du 24 décembre.
Caleb BAH est escorté en fin de matinée au centre de rétention du Mesnil Amelot, en attendant une expulsion qui risque de venir vite... en guise de cadeau de Noël !

Malgré la régularisation de sa compagne,
malgré leur relation stable depuis des années dans un foyer commun,
malgré la présence de deux enfants à leur charge (8 et 14 ans),
malgré ses nombreuses démarches pour arriver enfin, après plusieurs formations, à une promesse d'embauche en CDI datée du 12 décembre dernier,
malgré tout cela, Caleb BAH n'a obtenu qu'une fin de non recevoir.
Le juge a tout balayé de ces quelques mots :
"Demande rejetée", avant de quitter la pièce.

Pendant l'audience, PAS UN REGARD vers l'assemblée : nous étions tous là, assis :
les soutiens,
l'instit de l'école du petit,
l'infirmière du collège du grand,
sa compagne,
et... SES ENFANTS.

Un moment, nous avons cru que le juge était humain. Il examinait le dossier, écoutait, posait des questions à l'avocate... nous avons cru qu'il avait compris qu'on ne sépare pas un père de sa famille.
Mais aller dans ce sens, cela signifiait se mettre en porte à faux avec la préfecture.
"La préfecture ne veut pas." a-t-il dit. Et alors ??
Le Tribunal Administratif n'est-il pas là pour examiner les exigences de la préfecture, et vérifier, au vu des pièces fournies dans le dossier, au vu des éléments apportés pendant l'audience, oui, vérifier SI ELLE NE SE TROMPE PAS ?

Car elle se trompe !


Les deux enfants étaient là. Le plus jeune n'a pas tout de suite compris la phrase du juge.
"Demande rejetée".
Je la lui ai expliqué.
- Cela veut dire que ton père doit retourner en Côte d'Ivoire, là, maintenant.
Réponse immédiate :
- Mais pourquoi ?
- Simplement parce qu'il est né là-bas.
- ...
- ...
- Mais comment on va faire, nous ici ?

Petit à petit, l'ampleur de la décision nous avale tous (jusqu'au bout, nous avons cru qu'il accéderait à la demande !).
Les larmes arrivent.
Le grand frère craque.
Le petit aussi. Il va s'assoir près de son père, se blottit contre lui.
Caleb lui demande de ne pas pleurer, d'être fort, de continuer à bien faire ses devoirs le soir, d'être sage.
Hébété, le petit le regarde. Il ne comprend pas. Moi non plus.
Le policier s'approche. il faut partir. Mais il fait preuve d'une grande humanité. Il patiente. Au bout d'une minute ou deux, je dis au grand : "Il faut que tu ailles dire au revoir à ton père.". Il ne s'y résoud pas. J'insiste. J'ai peur qu'il ne soit emmené. Il finit par y aller. C'est dur, si dur.

Où est l'humanité dans tout cela ?
Quel est le sens de ce genre de décision ?
La soeur de Caleb est en situation régulière à Paris.
Sa compagne est en situation régulière à St Jean de Braye.
Ils vivent ensemble, avec deux enfants à charge.
Mais il doit partir.

???

Une fois dehors, l'émotion ne diminue pas, au contraire. Les policiers, très patients et humains, prennent le temps. Ne pressent pas. D'ailleurs, l'un d'entre eux, qui était sorti un moment de la salle d'audience, a eu un air bien surpris quand il a su que la demande était rejetée. Pauvres flics. Je le dis sans animosité aucune.
Je suis toute en vrac par cette histoire, mais eux voient ça tout le temps, et doivent conserver un air neutre.
...
Mais où en étais-je ?
Oui, dehors.
Une fois dehors, donc, le petit ne parvient plus à calmer ses pleurs. Le grand non plus.
Une dernière fois, Caleb leur dit au revoir, et s'en va. Aussi droit que possible. Devancé et suivi par des policiers.
Il passe le porche du bâtiment, et tourne à gauche, par le trottoir. Et je le vois, je le devine, qui trébuche ? qui craque ? soutenu par le policier qui le suit. Ca y est, Caleb est parti, DIGNE.

Son grand garçon n'en peut plus et s'en va après avoir prévenu sa mère. Il rentrera en bus.
Sa mère et son petit frère sont ramenés par l'instit de l'école.

Que vont-ils devenir ?
Le grand va-t-il réussir à poursuivre ses efforts au collège dans une telle situation ? Il est désespéré, en colère, et comment ne le serait-on pas à sa place ? Quant au petit, il ne comprend pas... pas plus que nous.

L'après-midi s'est passé, à contacter copains, personnalité politique, avocate, compagne de Kaleb...
La CIMADE du centre de rétention de Mesnil Amelot ne répond pas au téléphone, la ligne de la CIMADE Île de France m'indique sur un répondeur que tout le monde est en vacances à partir d'aujourd'hui, et jusqu'au 4 janvier...  Seul espoir : que la Côte d'Ivoire refuse le retour de Caleb, puisqu'il n'a pas de passeport... il pourrait alors être libéré... à condition que tout ne soit pas déjà bouclé, et qu'il ne parte pas dès ce soir... 24 décembre.

Bien à vous dans un monde de cons,

Polyb.
 
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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 09:55
Je ne la connais pas, mais si je ferme les yeux, je la vois...

Article de Libé ici

Bonjour Véa,

J'ai entendu parler de ce qui vous arrive, à ton papa, ta maman, et toi.
Tu sais, je suis du même pays que toi.
Je suis née ici moi aussi.
Mais parfois, même nous, les adultes, on ne comprend pas bien ce qui se passe.

Je veux que tu saches que ton papa et ta maman, ils sont comme des super héros. Ils sont très très forts, et très très courageux.
Ils étaient dans un autre pays, mais la vie était trop dure, alors ils sont partis.
Et ça les a rendus tristes, mais en même temps ils se disaient que peut-être, ici, ça irait mieux.
Ils ne savaient pas s'ils allaient y arriver, mais ils ont fait tellement d'efforts qu'ils ont réussi.
Depuis que tu es née, ils sont encore plus forts, parce qu'ils t'aiment beaucoup beaucoup, et que c'est super d'avoir une petite fille comme toi.

Mais ici il y a un monsieur, un adulte aussi, qui ne veut pas que tes parents restent là.
Tu sais, il ne les connait pas, tes parents. Il veut juste que les gens qui sont nés loin s'en aillent.
Oui, je sais, c'est très bizarre, et en plus ce n'est pas juste. Parce que ce monsieur il ne sait pas que ton papa et ta maman sont super courageux. Il devrait leur dire bravo, il devrait les serrer dans ses bras, il devrait leur dire qu'il est très fier de tout ce qu'ils ont réussi à faire dans leur vie.
Et puis aussi il devrait leur dire que tu es une petite fille super.
Mais ce monsieur, il ne les connait pas, alors il dit juste que vous devez partir, tous les trois.

Tu sais Véa, moi, je ne suis pas d'accord. Et en France, il y a beaucoup d'adultes comme moi qui ne sont pas d'accord, et qui voudraient que ton papa et ta maman et toi, vous restiez ici.

Alors je voulais te le dire.
Mais comme tu es trop loin, alors je te l'ai écrit dans cette lettre.
En France, il y a des gens bizarres, comme le monsieur qui veut que vous partiez, mais il y a aussi plein, plein de gens qui ne sont pas d'accord avec ça.

Rappelle-toi : ton papa et ta maman, ils sont super courageux, comme des super héros.
Et toi, tu es une super fille. Et vous arriverez toujours à vous en sortir, parce que vous êtes les plus forts du monde.

Je te fais plein de bisous Véa.

Stéphanie


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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 10:00
Nous y sommes. Bientôt la fin de l'aide effective. Nous allons passer à l'aire de la simple information...
La Cimade gêne le gouvernement, aide trop les sans-papiers. Leur donne trop de possibilités de faire valoir leurs droits. Car oui, les sans-papiers ont (encore) des droits, eux aussi...

Voici trois vidéos à visionner.
Deux sur la Cimade, une sur les citoyens qui viennent en aide aux sans-papiers.

Bien à vous,

Polyb.




Cimade


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30 mars 2009 1 30 /03 /mars /2009 19:39
C'est cette photo qui a tout fait remonter à la surface.



Elle ne s'appelait pas Sabine. Mais cela n'a pas d'importance.
Je la voyais tous les soirs. Je lui faisais faire ses devoirs.
Quel âge avait-elle ? Environ 8 ans : elle était en CE1.
Sabine était une petite africaine mignonne comme tout. Réservée mais bonne camarade, souriante et sympa. Travailleuse en plus. Je n'avais pas eu de mal à la prendre en affection.

Et puis un soir, elle se met à pleurer, toute seule, sur un banc, au moment des jeux à l'extérieur.
Surprise, je vais la voir, croyant qu'elle s'est fait mal. Non. Elle s'est disputée avec une copine ? Non. Que se passe-t-il alors ? Rien. Ah... Ben ça, c'est un rien qui te fait drôlement de la peine pourtant...
Au bout d'un long moment, elle finit par lâcher : "Je suis fatiguée." Et se remettre à pleurer.
Décontenancée, je lui propose de s'allonger sur un matelas dans la pièce voisine, celle où les enfants vont jouer quand ils ont fini leurs devoirs. Il n'y a personne pour l'instant. Elle accepte, puis se couche, et pleure ... puis s'endort.
Le jour suivant, rebelote. Elle me demande si elle peut aller se coucher.
Là, je me dis que je vais peut-être en savoir plus.
Je lui demande : "Comment ça se fait que tu sois fatiguée comme ça ? Tu te couches tard le soir ?"
"Un peu, pas trop."
"Ah. Et tu as des soucis pour dormir ensuite ?"
"Oui."
"Comment ça se fait ?"
"Je n'ai pas assez de place, je n'arrive pas à m'endormir.".
"... ??"
"Ben oui, je dors dans le même lit que quelqu'un d'autre, et je n'ai pas assez de place pour dormir."
"Et ce quelqu'un d'autre, c'est un enfant ou un adulte ?"
"C'est une dame, une copine à Papa."
Et là, elle me déballe tout...

Chaque soir, son papa vient la chercher à l'école. Puis, ils marchent, marchent, marchent... parce qu'il fait trop froid pour s'arrêter. Ensuite, quand il est tard, ils vont manger, et puis Papa la dépose chez sa "copine". C'est une dame qu'il a rencontré. Elle a dit d'accord pour que Sabine dorme chez elle. Mais elle n'a qu'un petit lit, et elle est grosse. Alors Sabine n'arrive pas à dormir.
"Tu peux peut-être t'installer par terre ?"
"Je ne peux pas, il y a plein de sacs."
"... Et Papa, il dort où ?"
"A l'hôpital. Mais ils ne prennent pas les enfants, et de toutes façons Papa ne veut pas. Il y a des messieurs bizarres à l'hôpital."
... ... ... ...
A partir de ce jour-là, j'ai évidemment noué des contacts plus étroits avec cette petite, et j'ai beaucoup discuté avec son papa. Je lui ai fourni des vêtements chauds et de bonnes chaussures pour Sabine (tout cela était à peine trop grand pour elle, cela venait de mon fils). Et je me suis tenue au courant.
J'en ai aussi beaucoup parlé à mon mari, et même à mon garçon.
Je me demandais quoi faire.
Nous habitions notre maison, déjà. Elle était en gros travaux, c'était un peu du n'importe quoi... mais c'était à l'abri, et au chaud. Nous aurions pu au moins accueillir la petite.

C'est "le nombre" qui m'a dissuadée, et je ne sais pas si j'ai eu raison :
A cette époque, la préfecture ouvrait grand les portes de notre département, et un peu partout, on voyait arriver des enfants de sans-papiers. Jusqu'à 40... juste dans l'école d'Orléans où je faisais étude le soir. Si j'accueillais Sabine, pourquoi pas d'autres ?
Mon fils a compris cette année-là qu'il existait des situations terribles. Que des enfants n'avaient pas de maison, pas de jouets, pas de cadeaux, pas à manger quand ils voulaient, etc... Il s'est pris une sacrée "claque", le pauvre.
Finalement, c'est le papa de Sabine qui m'a convaincue de ne rien faire de plus,... pour ne pas trop changer d'organisation, et pour... que je n'aie pas d'ennuis... ! ... ... ... ... ...

Le papa de Sabine travaillait pour les impôts dans son pays.
Un jour il a découvert une énorme fraude... de la part du général du coin.
Bien sûr, il n'a pas gardé ça pour lui. Il a prévenu ses chefs... et... s'est retrouvé en fuite parce qu'on voulait lui faire la peau. Il a emmené sa fille, sachant que, sinon, on allait lui faire payer l'attitude de son père.
Je ne sais plus bien ce qui était arrivé à la maman, mais elle n'était plus là depuis un moment.

Le père et sa fille étaient tout l'un pour l'autre.

Ils ont passé la frontière la plus proche en se déguisant, Sabine passant évidemment pour un garçon, son père pour un militaire. Puis, ils ont réussi à venir en France.
Ils ont habité un an sur Paris, dans une voiture.
"Tu sais, chez la copine de Papa, c'est quand même mieux que dans la voiture. Mais moi, je préfère être avec lui."
C'est ce qui revenait le plus chez Sabine : sa souffrance d'être séparée de son père tous les soirs.
Le matin, c'est la dame qui l'emmenait à l'école, parce que son papa partait très tôt sur des chantiers sur Paris.
Il arrivait à travailler, mais cela devenait de plus en plus compliqué de concilier sa puce et les allers-retours, qui lui coûtaient très cher. En même temps, sur Paris, ils n'avaient personne. Ici, Sabine pouvait au moins dormir au chaud chaque soir...
"L'hiver est terrible chez vous. Je sais qu'il y a pire, mais qu'est-ce qu'il fait froid... !" me disait-il.

C'est tout naturellement que je lui ai régulièrement demandé des nouvelles.
Il me tenait au courant des démarches pour obtenir le droit de rester ici.
Il me montrait les justificatifs qu'il avait, les papiers des impôts avec la mise en évidence de la fraude qu'il avait découverte.
Mais il savait que ce n'était pas gagné.
"Pour la France, mon pays n'est pas une dictature, je dois y retourner. Mais si j'y retourne, en moins de deux jours je serai tué, et Sabine... peut-être aussi."
...

Jusqu'au jour où il est venu me voir de lui-même :

"Ca y est, ils veulent que je parte... J'ai le papier. C'est fichu. Je ne sais pas quoi faire, il faut que je trouve une solution pour Sabine, c'est trop risqué."

Nous avons beaucoup réfléchi, je l'ai mis en relation avec une assistante sociale.

Et puis un jour j'ai appris la nouvelle :
Sabine était en foyer. Son papa avait disparu.

En fait, Sabine avait été invitée à une fête chez une copine. Sauf que le soir, au moment de venir la récupérer, son papa n'était pas venu. Elle avait dormi là, et le lendemain, la maman de la copine avait commencé à téléphoner à droite à gauche pour savoir quoi faire. Et la puce avait été placée. A la Maison de l'Enfance.

Plus tard, j'ai appris qu'il lui avait rendu visite.

Bien sûr qu'il ne l'a pas abandonné, même si c'est ce que notre Etat a dit.
Il l'a protégée.
Il "nous" l'a confiée.

Je ne sais pas où est Sabine aujourd'hui.
Je ne sais pas si elle a pu retourner avec son papa.
Je ne sais pas s'ils sont en France, ou plus loin.
Je ne sais même pas s'ils sont encore vivants.


Bien à vous,

Polyb.
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